"Monaco est un circuit, très lent, qui demande un appui maximum, un moteur et des suspensions très souples. Les virages serrés imposent une motricité importante pour pouvoir réaccélérer au plus vite sans trop abîmer les pneus pendant la course. Dès le premier virage, il y un gros freinage aux abords de Sainte-Dévote, qui est un endroit très bosselé, et le passage est si délicat que souvent, en sortie de virage, on touche les barrières de sécurité avec l'arrière de la voiture. Ensuite, la ligne droite qu'on appelle Beau Rivage est comme une montée vers le ciel qu'il faut prendre pied au plancher, jusqu'à apercevoir le virage suivant, longtemps caché par la côte. Si bien qu'au dernier moment - je me souviens que je retardais mon freinage jusqu'à l'intérieur même du virage - il faut freiner pour attaquer la courbe vers la gauche qui se prend donc à des vitesses extrêmement élevées. L'important est de toujours garder la voiture dans la bonne trajectoire, en se maintenant bien à l'intérieur des virages, et Monaco est un vraiment un circuit étroit et difficile sur ce point. Il y a même une sorte de caniveau au bord de la piste, et pour bien faire il faut constamment laisser la roue avant à l'intérieur du creux. En arrivant au virage du Casino, la tentation est grande de déporter la voiture vers l'extérieur, mais là encore il faut lutter pour la maintenir serrée à l'intérieur pendant le virage, et se jeter à droite immédiatement après. A cet endroit, il y a une bordure de trottoir à laquelle il faut faire attention : il faut serrer les barrières sans risquer que les roues ne heurtent le bord du trottoir, au risque de partir très vite à l'accident. Sur la trajectoire qui descend jusqu'au virage de Mirabeau, il faut passer sur une bosse, qui fait vraiment bouger fortement la voiture. En entrant dans Mirabeau, la roue avant intérieure est quasiment toujours en l'air tellement le freinage est délicate. La vitesse est d'ailleurs très réduite et le régime moteur très bas dans cet enchaînement de virages : Loew's, Le Portier qu'on passe en 3ème, sont des passages où les changements de vitesses sont constants. On aboutit à la sortie du Portier au fameux tunnel du Loew's. C'est une partie extrêmement difficile - si la visibilité n'y est pas mauvaise, il y a énormément de lignes blanches au sol qui peuvent être gênantes. A la sortie du tunnel, il y a une petite descente, et on ne voit pas venir la Chicane, et suivant la voiture qu'on a, il faut choisir entre freiner avant ou après le haut de cette descente, sinon pendant, on risque de perdre le contrôle de l'arrière de la voiture. La Chicane se passe en 1ère et on ré-accélère ensuite jusqu'au Bureau de Tabac. C'est un virage à gauche serré mais très ouvert en sortie, et il faut donc passer beaucoup plus vite qu'on ne pense. On arrive après à la Piscine. Aujourd'hui avec la nouvelle forme de cette chicane on y perd un peu de sensation, parce qu'avant on la passait entre deux murs. Il y a toujours un freinage pour franchir le deuxième "S", très lent, où il faut tenir très fort le volant et ne pas perdre l'arrière de la voiture. Ensuite, c'est tout en accélération jusqu'au virage de la Rascasse, épingle qui se passe elle aussi en 1ère, accélération puis nouveau freinage pour passer Antony Nogues en seconde, et enfin, on pousse au maximum dans la ligne droite jusqu'à la ligne d'arrivée".

Jean Alési